IGF Conférence J1 : « Tous les sujets sont sur la table pour les jeux en ligne, mais cela ne doit pas être des arguments excessifs de lobbying, » Jean-François Vilotte
Le Président de l’Autorité de régulation des jeux en ligne Jean-François Vilotte a appuyé les propos tenus récemment par le Ministre du Budget François Baroin, qui a exclu toute réforme législative dans le cadre de la clause de revoyure de la loi sur les jeux en ligne, tout en acceptant que certains ajustements pouvaient être faits à la loi tant que ceux-ci s’inscrivaient dans ses objectifs majeurs et qu’ils étaient bien argumentés.
M. Vilotte, qui a fait ses déclarations lors du panel d’ouverture de l’iGamingFrance Conférence, a déclaré : « Tous les sujets sont sur la table, dans l’esprit de la loi de mai dernier, il y a des objectifs de régulation, un parti pris d’ouverture du marché et un intérêt à ce que les opérateurs responsables aient une offre responsable, tant que les sujets sont argumentés. Cela ne doit pas être simplement des arguments excessifs de lobbying contre d’autres arguments excessifs de lobbying. »
Il a aussi expliqué que deux enjeux mériteraient d’être au centre des débats actuels sur les jeux en ligne : l’assise juridique du retour à la filière hippique, ainsi que la préservation de l’éthique sportive, ce dernier point faisant écho au récent rapport remis par M. Vilotte à la Ministre des Sports.
« Le point d’équilibre recherché, et c’est un élément important qui éclaire la clause de revoyure, est le basculement de la demande de l’offre illégale vers l’offre légale, respectueuse des objectifs de la loi mais suffisamment attractive pour que la demande puisse satisfaire ses envies de jeux. »
Pour leur part, les opérateurs ont appelé à un changement de la loi, qui selon eux les empêche d’être rentables et de faire croitre leurs entreprises. Nicolas Béraud, président de
Betclic Everest Group, a estimé que les neuf mois qui s’étaient écoulés depuis la régulation du secteur constituaient une longue période pour une industrie opérant sur Internet, que « les chiffres pour tirer les enseignements » étaient disponibles et que « l’ouverture [pourrait] être un échec si on ne fait pas évoluer les choses ».
Xavier Hürstel, directeur général délégué du
PMU, a quant à lui appelé à des changements réglementaires comme l’ouverture de l’offre des paris sportifs et l’allègement du cahier des charges quotidien, alors que le fondateur et dirigeant de Chilipoker Alexandre Dreyfus a rappelé que l’activité illégale de casino en ligne était toujours très répandue en France.
Le problème des gros joueurs réussissant encore à contourner les dispositifs techniques de blocage a aussi interpellé l’ensemble des intervenants et le cas français dans son ensemble constitue un enseignement utile pour le Danemark, qui affine encore son cadre technique et légal, a déclaré Birgitte Sand, membre du directoire du Danish Gaming Board.
Le débat sur le droit au pari a également cristallisé les opinions et « dépasse largement le cadre français », a déclaré Antonio Constanzo, directeur de la régulation et de l’intégrité du sport chez
bwin. Ainsi Mathieu Moreuil, responsable des affaires européennes pour la Premier League, a confié à iGamingFrance sa volonté de voir les autorités britanniques adopter un tel droit. Néanmoins, Rhadamès Killy, directeur juridique de l’ARJEL, a reprécisé la finalité du droit au pari : lier par un contrat juridique opérateurs et organisateurs d’évènements sportifs afin de permettre à ces derniers de préserver l’intégrité des compétitions qu’ils proposent, et non de financer le mouvement sportif d’une manière globale.
La table ronde consacrée au marketing a été l’occasion de passer en revue les innovations envisagées par les opérateurs dans un marché ultra-concurrentiel alors que celle sur la concurrence a vu le
PMU défendre sa masse de joueurs et les question d’abondements relatives à la promotion de gros gains auprès des parieurs hippiques.
L’iGamingFrance Conférence s’est déroulée avec grand succès à Paris les 25 et 26 mars, le deuxième jour étant dédié au secteur affiliés de jeux en ligne, et a constitué une opportunité privilégiée de dresser un premier bilan du marché français des jeux en ligne. La semaine précédant la conférence a été marquée par le lancement des travaux parlementaires sur la clause de revoyure ainsi que la publication du Livre Vert de la Commission Européenne sur les jeux en ligne.
Plus de 600 visiteurs ont visité la conférence sur les deux jours et participé aux débats animés par les rédacteurs d’iGaming France, nous publierons dans les jours à venir de nombreux articles, analyses et interviews vidéo effectués lors de l’évènement.
Propos recueillis par Quentin Toulemonde