Épisode 8 de GoT vu
Voilà une bonne analyse (attention spoiler
)
Absolument fascinant comment il peut y avoir autant de différence entre deux épisodes dont le rythme est très similaire. L'épisode 7 était moyen, parce que plutôt lent - ce qui n'est pas un problème en soi - ET éclaté en sept intrigues (peut-être plus). Ici, quatre intrigues (plus Arya, qui pour moi n'était pas super bon), et cela devient un épisode très solide, au niveau du 3 et du 6.
Donc l'épisode 8 Second Sons.
Thématiquement, "Second Sons" pouvait jouer dans la facilité : les éponymes avec Dany, Tyrion et Sansa à KL, Gendry et Sandor (il est même question de fils avec Sam). Je pense que cela va un peu plus loin. Le problème des seconds, c'est qu'ils doivent faire de leur mieux en acceptant de ne jamais être premiers. Plusieurs trajectoires s'offrent à eux :
- Certains vainquent ou subjuguent ceux qui les sous-estiment. C'est le cas de Daenerys. Elle dit "il y a quinze jours je n'avait pas d'armée. Il y a un an, je n'avais pas de dragon". A chaque fois, tout le monde se moque d'elle: Mirri Maaz Duur, les 13 de Qarth, Krazny, maintenant Mero. A chaque fois, elle les détruit, les réduit en cendres. C'est la première fois que quelqu'un ne la sous-estime pas, parce qu'il est un électron libre et n'adopte pas la morale du chef de bande, Mero : Daario est le seconds chez les Second Sons (un lieutenant). Et quand deux seconds se rencontrent, ils se comprennent, et s'allient. Woe unto Yunkai !
- Certains cherchent bâtissent leur puissance sur le sang de leur premier : Stannis. Cette scène est plus compliquée à vraiment raccrocher, parce que c'est Mélisandre qui mène la danse. Toutefois, Dillane montre bien la réticence de Stannis pour ces pratiques, et ramène Davos dans le jeu, pour tempérer la prêtresse. Mais il est pris : d'un côté l'évidence aveuglante des pouvoirs de Mélisandre, de l'autre la sagesse simple mais vraie de Davos. Au milieu, lui, l'homme qui n'a pas choisi son destin, mais qui doit faire son devoir. Ce tiraillement est vraiment fantastique chez Stannis, et illumine cette scène bien plus que la mise en scène douteuse (sexposition?) de Mélisandre
avec Gendry.
- Certains se résignent à suivre la voie qui leur est tracée, mais c'est un choix destructeur. Tyrion et Sansa ont été formidables, tout le monde a été formidable à KL. Le couple et le mariage d'abord, a été terriblement bien réussi. Ils sont gauches tous les deux, mal à l'aise comme ils doivent l'être. Joffrey est juste parfait. Le repas est excellent, et l'ivresse de Tyrion montre la seule échappatoire qu'il trouve à son devoir qui lui est rappelé à maintes et maintes reprises. Sansa, emmurée dans son armure de courtoisie est aussi parfaite. A ce plan où on la voit seule en contre-plongée dans le septre de Baelor, je me suis rappelé la saison 1 : c'était tout ce qu'elle voulait : un superbe mariage avec un beau prince dans cet endroit magique. Puis vient Joffrey, et tout s'effondre au plan suivant. La partie de Cersei est magnifique aussi. Elle aussi est une seconde, et la manière dont elle repousse Loras, avec ce sourire qui est pour moi plus d'amertume que de cruauté, on la voit vraiment piégée. Et pour se défaire de cela, elle ne peut faire rien d'autre que frapper, distiller des paroles vénéneuses comme avec Margaery : elle sait quel jeu elle joue, le jeu des trônes, avec ses mots cachés, ses sous-entendus. Mais elle est une Lannister, et elle refuse de jouer. Elle laisse ses menaces s'entendre clairement. Qui pourrait la toucher ? Elle se trompe : la parole scandaleuse, menaçante, sème la vraie discorde, et témoigne d'une faiblesse morale. En se montrant très forte, elle révèle sa faiblesse. Cersei est tellement suffocante sous le poids de son père : vous avez vu comme tous ses sourires sont contraints ? C'était magnifiquement joué.
- Enfin, certains, parce qu'ils sont seconds, et seconds dans des familles ou des positions sociales bien moins hautes que les Targaryens, les Baratheons on les Lannisters, sont simplement rendus à la cruauté de la nature, à cette simple vérité, terrifiante : vivre ou mourir. Sandor en est réduit à mendier la valeur d'une petite fille. Et Sam, le pauvre Sam, qui a la pire position de toutes : passé de premier à second parce que son père ne voulait pas de lui, doit affronter les horreurs que la société des hommes, la société des grands, laisse aux petits, aux gens de peu, alors qu'elle est la véritable menace. Et c'est dans les ressources de ces seconds que vient la véritable source d'espoir pour le monde.
Tranquilles, à l'abri derrière les hautes murailles du donjon rouge, les premiers n'ont que faire de la menace des Autres, si lointaine, si irréelle. Ils peuvent continuer à jouer leur jeu de trône, à parler de devoir pour des choses aussi banales que de consommer un mariage, pendant que les seconds (simple variation des "infirmes, bâtards et choses brisées", l'un des meilleurs thèmes de la série), c'est-à-dire les gens de peu, les vrais hommes, ceux qui sont encore connectés à la réalité de Westeros, doivent combattre des forces terrifiantes avec leurs moyens dérisoires, et qui pourtant sont - pour le moment - suffisants.
Je pourrais aussi parler de ce que tout le monde attendait et que personne n'a vu - la construction de THE evenement de la saison 3 !!! le blanc, le vide, pour que, vraiment, lorsque les tambours se mettront à battre, battre, battre, l'impression que quelque chose est train d'arriver, mais qui sort de nulle part, soit intacte, et restituée dans son horreur la plus pure.
Le 9 et le 10, mais surtout le 9 marqueront la mémoire !
A dans 15 jours, vu que la semaine pro c'est "férié" au USA.