Après une phase de groupes acharnée, voilà les tant attendus huitièmes de finale et le début des matches avec élimination directe, ceux que tout le monde redoute mais attend, ceux que le spectacle idolâtre. A leur issue, ils ne seront plus que huit à en découdre les 6 et 7 juillet prochains mais chaque chose en son temps ...
Rien ne fût finalement simple pour la Roja dans le groupe B comme le champion du Monde en 2010 s'en doutait d’ailleurs dès le tirage au sort. Jusqu’au bout, les Espagnols ont lutté et bataillé ferme pour sortir premiers de cette poule complexe. Le dernier match face au Maroc en est le parfait exemple. Au sein d’une soirée brûlante, le Maroc a confirmé les difficultés récurrentes de l’Espagne à se sortir des pièges tendus par des nations téméraires et qui savent se mettre à niveau désormais d’une compétition internationale de ce genre.
Car depuis deux ans, on n’avait pas vu les Espagnols autant gribouiller leur football pourtant si léché parfois. Pire, le manque criant de sérénité a de quoi interpeller le plus fervent des supporters ibériques. Après un nul concédé de belle façon celui-là face au Portugal, puis une victoire étriquée face à l’Iran, les supporters de la Roja ont une nouvelle fois souffert dans leur ensemble face au Maroc. Après avoir été menée, leur équipe a toutefois eu le mérite de revenir au score, profitant d’un Isco en jambe, de quelques éclairs d’Iniesta ou des chevauchées fantastiques de Jordi Alba. Si l’Espagne installait tranquillement son jeu, celui-ci laissait aussi des brèches que les Marocains se sont faits par deux fois un plaisir de transpercer. Avec cinq buts encaissés en trois matches, il est difficile de dire que tout va bien mais c’est finalement une autre compétition qui démarre et les Russes eux aussi n’ont pas rassuré face à l’Uruguay.
Alors qu’on attendait une toute autre prestation de la Sbornaya (privée il est vrai de Jirkov, Golovine et Fernandes), la Russie a été en-dessous de ce qu’elle avait montré jusque-là. Car c’était bien un premier vrai test auquel les hommes de Tchertchessov faisaient face après avoir rempli déjà leur contrat, c’est à dire une accession à ce stade de la compétition. Si elle n’aura surement rien à perdre face à une nation supérieure dans de nombreux compartiments du jeu, l’équipe hôte sera supportée par tout un pays et quel pays, le plus grand du monde. Mais cet état de fait risque de ne pas être suffisant pour bousculer toute la partie l’énorme expérience d’Espagnols qui ne peuvent que progresser en constance et en efficacité. A démontrer.
Cette affiche entre l’Uruguay et le Portugal a de quoi attirer les amateurs de ballon rond tant il est fortement plausible que le match s’emballe, laissant les attaques prendre le pas sur les défenses. Sur ce que vient de prouver la Céleste de Cavani et la marge de progression qu’elle détient, elle pourrait bien tenir tête aux Champions d’Europe en titre. Lors de la victoire face à la Russie dans le dernier match du groupe A, l’Uruguay n’a laissé aucune chance à son adversaire, s’emparant du match à bras le corps en ouvrant rapidement le score notamment. Par la suite, l’intraitable bloc uruguayen n’était finalement pas inquiété outre-mesure. Sans forcer son talent, la formation de Suarez et consorts gênait constamment son adversaire dès qu’elle était en mouvement.
Avec cinq buts inscrits (tous sur coups de pied arrêtés) et aucun encaissé, le programme semble être bien ficelé pour l'Uruguay, une défense abrasive et une attaque pouvant à chaque instant rapidement se projeter vers l’avant et surtout diffusant une menace constante; avec un peu plus de réalisme encore, l’addition aurait pu être bien plus élevée pour le pays organisateur. Et ce collectif fort sera important avant de jouer la formation entourant CR7. Si les Portugais eux aussi n’ont pas laissé une impression indélébile dans les têtes des observateurs, manquant souvent de maîtrise, ils arrivent sur des matches à élimination directe qu’ils passent pour apprécier historiquement. Toutefois, même s’ils ont cumulé 73.4 % de possession du ballon face à l’Iran (soit le pourcentage le plus élevé de son histoire en Coupe du Monde), les hommes de la Seleçao das Quinas n’y ont pas mis la manière il est vrai englués qu’ils étaient dans le groupe de la mort.
Il n’est ainsi pas évident que les Portugais puissent mieux jouer en si peu de temps et face à une Céleste en plein renouveau et encore capable de rehausser son niveau de jeu. S’il est tentant de croire que chaque nation aura sa part de domination qui peut se révéler fructueuse, l'Uruguay est en mesure de tenir en respect et même mieux une équipe un peu trop axée et dépendante de sa star.
Quarante ans que la France et l’Argentine ne s’étaient rencontrées en phase finale d’un Mondial, c’était en Amérique du Sud et au cours d’un match houleux où les Français avaient clairement été des laissés pour compte. Mais seul l’avenir nous intéresse et Varane croisera une nouvelle fois sur son chemin la Pulga (la puce), Lionel Messi, véritable sauveur d’une nation en péril. Lors du dernier match face au Danemark qui décidait juste de la première place, les Bleus se sont mis au niveau de leurs adversaires, c’est-à-dire faible dans son ensemble. Au sein d’un match vide qui accouchait d’un premier 0/0 dans le tournoi, les Français et ses coiffeurs n’ont pas rassuré, montrant un banc limité, des joueurs peu impliqués et volontaires où Fekir surnageait après sa rentrée et où Varane était le seul à avoir tenu son rang finalement jusqu’au bout, de bonne augure dès lors avant d’affronter pour la énième fois son rival de toujours Lionel Messi.
Didier Deschamps en a donc pris note et c’est une équipe installée en 4/4/2 logiquement, à priori celle qui a débuté face au Pérou, que l’on devrait retrouver du côté de Kazan samedi après-midi. Il faudra montrer d’autres velléités et être bien plus entreprenants afin de contrer l’Albicéleste et surtout être offensivement bien plus dangereux que ce qu’ont été les Bleus depuis le début des hostilités. Antoine Griezmann avait clairement donné rendez-vous aux médias en huitièmes de finale, c’est donc l’heure de bel et bien débuter sa compétition, lui qui jusqu’alors fut bien trop timide, effacé voire d’une façon plus inquiétante encore, usé. Disponible dans le jeu au début de match face aux Danois, le Madrilène semblait parti sur de bonnes bases, décrochant souvent pour toucher le ballon. Mais ce n’était qu’un feu de paille et les mauvais choix succédaient aux passes ratées et à un manque de justesse technique. Inquiétant ? Oui et non. Il faudra désormais avoir progressé dans le jeu et dans les têtes. N’avait-il d’ailleurs pas commencé à éclater à l’Euro 2016 en huitièmes de finale ? ...
Pour les aider à passer ce premier match à élimination directe, les Argentins, s’ils ne seront pas une proie facile bien sûr, n’en demeurent pas moins plus du tout la même nation que l’on connaissait il y a quelques décennies encore, qui pouvait terroriser le monde du ballon rond, malgré la présence d’un, sinon du meilleur joueur du monde. Car malgré Lionel Messi dans ses rangs, l’Albicéleste présente un visage collectif pour le moins inquiétant. Avec une équipe vieillissante dépendant trop de sa star, elle fait face finalement à d’énormes failles défensives. Certes, le danger peut venir d’éléments que l’on n’attend pas, comme le but de Rojo face au Nigéria en témoigne si besoin en était, mais en interne, certains joueurs auraient pris le pouvoir et décideraient de qui devait jouer au sein d’un vestiaire si ce n’est chaotique tout au moins dispersé. Rumeurs, rumeurs ...
Si le Barcelonais est au centre de tous les débats, qu’il attire tous les regards et peut à lui seul changer le cours d’un match, l’entre-jeu argentin reste très (trop) instable et surtout perméable, et aucune amélioration ne s’est faite ressentir, le tout étant très poussif et surtout sans fluidité. Avec beaucoup de jus physique laissé pour se défaire in-extremis du Nigéria, l’Argentine pourrait logiquement demander à souffler lors de la dernière demi-heure et même défaillir face à des Bleus plus vifs et plus solides depuis plusieurs semaines désormais.
Si à première vue ce huitième de finale peut paraître déséquilibré en technique et dans le jeu sur ce qu’il a été possible de voir de la part de ces deux nations depuis le début de la compétition, il n’en demeure pas moins que la solidité éprouvée des Danois pourraient gêner longtemps et considérablement des Croates au sommet de leur art actuellement.
Car il faut bien le dire, en battant sur le fil les Islandais pour le dernier match du groupe D, sans avoir à forcer leur talent à l’image de Luka Modric, les Vatreni (les flamboyants) ont joué au petit trot avec une équipe largement remaniée par Dalic. Face à des Islandais volontaires mais manquant tout de même de qualité individuelle, les hommes du damier à carreau blanc et rouge ont donc logiquement réalisé un sans-faute avec trois victoires. Sans s’enflammer et en se souvenant qu’à l’Euro 2016 ils avaient aussi été étincelants en poules avant de déchanter face au futur champion d’Europe, les Croates, expérimentés avec les trentenaires Rakitic et Modric notamment, disposent d’incroyables talents à toutes les lignes, c’est sans rappeler le parcours de 1998. A égaler.
Car le banc croate est lui aussi à craindre. Malgré neuf changements par rapport à la démonstration infligée aux Argentins, la Croatie a réussi à s’imposer en composant certes avec l’inefficacité islandaise. Si les coiffeurs croates ont quand même manqué de mordant, les Vatreni ont remporté trois matches, encaissé un seul but et fait jouer 21 joueurs en tout ... C’est donc en plein confiance que la Croatie aborde cette rencontre âpre qui l’attend et de laquelle elle devrait sortir vainqueur, même aux forceps, étant prête de compenser le défi physique qu’imposera son adversaire par une technique hors pair et supérieure.
Finalement si certains favoris de la compétition déçoivent ou sont même rentrés au bercail, la Seleçao tient quant à elle son rang. Sans trembler face à la Serbie, le Brésil s’est aisément qualifié. Comme toujours ou presque, à la fin des poules, ce sont les Brésiliens qui gagnent et finissent en tête ... Forte de nombreux changements depuis la rouste face à l’Allemagne il y a quatre ans, l’équipe de Tite maîtrise bien son sujet désormais même si on attend toujours d’elle qu’elle soit plus flamboyante techniquement parlant. Mais personne dans le jeu n’a réussi à percer la muraille des Brésiliens emmenés à Kazan par un Thiago Silva enfin redevenu impérial en charnière centrale, concluant même cette belle prestation par un but qui venait couronner un printemps royal.
S’il est peu probable que les Mexicains se laissent dompter aussi facilement que les Serbes démunis ont dû se résoudre à faire, la Tri n’en posera pas moins de grosses difficultés dans ce duel entre sud-américains. Mais les équipiers de Chicharito ont grandement déçu en étant étrillés par la Suède en seconde période notamment où le bateau mexicain prenait l’eau de toutes parts. Totalement inerte après la pause et après avoir fait jeu égal en première période, la Tricolore a littéralement explosé, ne sachant jamais s’adapter au jeu direct des Suédois avec une défense à cinq, qu’elle devrait retrouver avec le Brésil d’ailleurs. Si comme toujours depuis 1994, le Mexique est en huitièmes de finale, à chaque fois rappelons-le, il n’est jamais allé plus loin. Une situation qui devrait perdurer face à un favori qui monte en puissance et qui devrait finir, à force de multiples attaques, à trouver la faille dans le final, l’emportant suffisamment d’un tout petit crampon d’avance.
C’est un duel intra-européen qui attend les amateurs de ballon rond ce mardi à Saint-Petersbourg mais l’enjeu étant de taille, il semble qu’il pourrait bien s’endormir sur ses lauriers, la défense rugueuse et au point des Vikings pouvant résister aux assauts répétés de la Nati. Car les Suédois sont bel et bien surprenants depuis le début de l’évènement russe. N’en finissant plus d’étonner, ils ont balayé le Mexique lors de la dernière journée du groupe F, terminant ainsi premiers de cette poule peu aisée aux primes abords. Après déjà avoir gêné les Français l’an passé, puis à immobiliser en barrages le quadruple champion du Monde italien, voilà les Suédois capables de s’octroyer un huitième de finale mérité. C’est la cinquième fois qu’ils passent le premier tour de la Coupe du Monde depuis 1958, une performance de taille sans Zlatan Ibrahimovic et après un Euro raté.
Pourtant, la pression était scandinave car le 0/0 à la mi-temps laissait le champ libre à l’Allemagne pour se qualifier. Mais les hommes de Janne Andersson ne cessaient d’être dangereux sur coups de pied arrêtés notamment. En conservant leur sang-froid, c’est logiquement qu’ils ouvrirent la marque en seconde période, pour ne plus jamais lâcher le match de leur emprise. Disciplinés, en constante progression et très à l’aise défensivement, les joueurs du grand Nord de l’Europe ont encore assurément les moyens de résister face à des Suisses qui rient jaune. En effet, privés de Lichsteiner et de Schär, deux défenseurs cadres avertis et donc suspendus, la Nati n’aura pas la tâche aisée. C’était le risque pris et assumé par le sélectionneur helvète de faire jouer des joueurs déjà cartonnés. Mal lui en a pris. Même si on peut être sûr que le groupe des 23 restera solidaire, au niveau et même à 120% de ses possibilités, ces évictions restent des coups durs avec lesquelles il va falloir composer. Au sein d’un immuable 4/2/3/1, la Suisse tentera donc de rejoindre les quarts de finale de la Coupe du Monde pour la première fois depuis 1954 mais leurs aguerris et costauds adversaires ne s’en laisseront pas si facilement compter au sein d’un match âpre et qui ne devrait pas s’envoler finalement en terme de jeu. Compliqué – Serré – Fermé.
Le 14 novembre dernier, les Japonais subissaient la loi des Diables Rouges au sein d’un match serré (1/0) mais territorialement dominé par des Belges entreprenants. C’est surement une nouvelle fois ce qui se reproduira lors de ce huitième de finale à Rostov-sur-le-Don où les hommes d’outre-Quiévrain auront suffisamment de ressources pour se défaire de la défense nippone. Avec deux équipes B, le dernier match phare du groupe G face à l’Angleterre a permis de confirmer une domination de cette phase par les joueurs de Martinez restant désormais sur une invincibilité qui perdure depuis le 1er septembre 2016, soit une magnifique série de vingt-deux matches sans aucune défaite. Respect.
Si celle qu’on appelle la « génération dorée » ne jouait pas face à l’Angleterre, le sélectionneur ayant volontairement opté pour protéger ses joueurs blessés ou sous la menace d’une suspension, les remplaçants ont fait mieux que de bien tenir leur rang. Avec neufs « coiffeurs » les Belges se sont imposés d’une courte tête non sans frayeur face à une Angleterre elle aussi très remaniée. S’il ne faut donc pas tirer d’enseignements trop rapides de cet ultime match, il a le mérite de conserver cette importante dynamique de succès, capitale dans un tournoi où il ne reste finalement plus que quatre victoires à glaner pour être champion du Monde.
Dotée d’une vraie équipe avec une âme, la Belgique devrait se montrer offensivement réaliste face à une nation du Japon qui est la première dans l’histoire de cette compétition à s’être qualifiée pour avoir pris moins de cartons (au fair-play donc) que son adversaire du jour. C’est ce qui est arrivée jeudi soir dernier au sein d’un match crispé où les Nippons étaient privés de leurs atouts offensifs au sein d’une équipe transformée incroyablement par six changements de taille. Mais, limités et incapables de se créer la moindre occasion face à des Polonais éliminés, le manque d’expérience des joueurs du soleil levant leur sera à n’en pas douter trop préjudiciable pour qu’ils soient capables de résister à la forte pression ambiante que les Belges se feront un malin plaisir de leur servir sur un plateau. A votre santé !
Ce dernier duel des huitièmes de finale à Moscou au stade du Spartak s’annonce particulièrement plus indécis que convenu, les forces en présence pouvant être contrariées par deux défenses n’ayant encaissé que cinq buts en totalité en trois matches. Néanmoins notre choix se portera sur des attaques en verve. Ainsi, celle des Three Lions, portée par le « cap’tain » Harry Kane, compte sur son expérience et sa soif de revanche pour la porter très haut dans cette compétition, où du rendement de celui-ci dépend fortement l’Angleterre. Dans un groupe rajeuni mais solide, il fait office de phare éclairant la nation et que tout le monde suit d’un même bloc. Il ne faut surtout pas juger les Anglais sur leur plus récente prestation face à la Belgique où, remaniés, ils ont été globalement décevants, douchant d’un coup d’un seul les plus fervents de leurs supporters.
Au-delà de ce match pour la première place, l’atterrissage anglais fut pour le moins rude, englués qu’ils étaient dans leur traditionnel 3/5/2 ayant montré une nouvelle fois des limites, notamment à la perte du ballon. Il a notamment fallu attendre l’heure de jeu pour voir l’unique et grosse occasion des Anglais au cours de ce match insipide. Inquiétant. Mais il ne faut pas prendre non plus cette contre-performance au pied de la lettre et Gareth Southgate tempérait cette défaite par son souhait de vouloir voir les titulaires respirer avant les combats à venir. Avec un tableau accessible par la suite, les hommes d’outre-Manche ont une belle carte à jouer mais ils ne seront pas seuls dans ce cas.
Les Cafeteros ont montré du caractère face au Sénégal mais aussi assez de talent pour s’imposer avec la manière, ainsi s’installer en tête du groupe H et faire partie des seize meilleures sélections du Mondial. Sereine, la Colombie a de quoi l’être dans le jeu même si jeudi dernier, elle a vu son meneur de jeu James Rodriguez quitter la pelouse prématurément (30ème minute) après avoir été ménagé déjà pour des douleurs au mollet face au Japon. Délicat. Toutefois, forts de leurs deux victoires sans encaisser aucun but, les Colombiens estiment qu’il est venu l’heure de faire aussi bien que le quart de finale il y a quatre ans perdu de peu face au Brésil. C’est ainsi qu’avec deux nations au vécu offensif certain et portées par le jeu vers l’avant ces derniers temps, le match devrait s’ouvrir à des perspectives de buts de chaque côté à n’en pas douter.