par xav1344 » Mar Juil 29, 2008 0:16
L'oeil de Jean-François Bernard
Jean-François Bernard, vainqueur de Paris - Nice en 1992 et troisième du Tour de France en 1987, est le consultant de l'equipe. Chaque jour, il nous livre son analyse et dissèque la course et ses enjeux. Pour lui, Carlos Sastre a su s'appuyer sur une équipe au-dessus du lot pour remporter un Tour de transition. En attendant le duel entre Alberto Contador et Andy Schleck.
« Jean-François Bernard, qu'est-ce qui a fait de Carlos Sastre, coureur de 33 ans, un vainqueur du Tour ?
Déjà, il était dans la meilleure équipe du Tour, il a été protégé pendant la première semaine. Il a pu ménager ses efforts dans la montagne pour attaquer au moment opportun. C'est un avantage certain. De plus, il est régulier depuis des années, il est présent dans tous les Grands Tours et décroche sa plus belle victoire, dans un « Tour de transition », sans grand patron pour la course. Bjarne Riis a joué intelligemment : il a mis en avant deux stars, Frank et Andy Schleck, pendant que Carlos Sastre a attendu son heure pour lancer une seule grande attaque, mais décisive.
Le parcours a-t-il équilibré les chances entre grimpeurs et rouleurs ?
La première vertu de ce tracé, c'est qu'il a rendu la course ouverte presque jusqu'au bout. L'absence de prologue et le premier contre-la-montre assez court ont permis à de nombreux favoris et outsiders de garder espoir pour le classement général. Sans leader écrasant au classement général, la course n'a jamais été cadenassée. Mais ce parcours était globalement favorable aux grimpeurs, puisqu'il n'y a eu ni prologue, ni chrono par équipes et une faible distance de contre-la-montre individuel.
La dernière étape n'a pas échappé au scénario habituel.
Comme d'habitude, c'était le 14 juillet sur les Champs-Elysées avec un peloton qui arrive groupé. Inexistante pendant 20 jours, la Quick Step touche le jackpot en remportant l'étape-reine pour les sprinteurs. En l'absence de Mark Cavendish, Gert Steegmans a été emmené comme jamais sur ce Tour. L'équipe a un vrai savoir-faire qui lui permet de gagner les sprints même sans Tom Boonen.
Que vous inspire le contrôle positif de Dmitry Fofonov ?
C'est vraiment de la bêtise. C'est apparemment un cas isolé, un peu comme Christian Moreni chez Cofidis l'an dernier. Mais il sème la zizanie dans une équipe qui a remporté deux belles victoires et qui est actuellement à la recherche d'un nouveau sponsor. Ce cas prouve que, malgré toutes les volontés, il est difficile de tout gérer dans une équipe.
Quelles impressions garderez-vous de cette 95e édition du Tour de France ?
J'ai beaucoup aimé la stratégie de la CSC en général et le travail de sape dans les deux grandes étapes des Alpes qui a permis ensuite à Carlos Sastre de conquérir son Maillot Jaune avec une marge suffisante dans une seule montée, à l'Alpe d'Huez. A contrario, Cadel Evans a montré ses limites. Il n'a pas les capacités d'attaquer en montagne et ne pouvait pas gagner le Tour en misant tout sur le dernier contre-la-montre. Enfin, je retiens le caractère offensif des Français qui ont semé le désordre dans la course et ont été récompensés par trois victoires d'étapes. Mais comme je le disais, il s'agissait d'un Tour de transition et on attend impatiemment le duel qui se profile entre Andy Schleck et Alberto Contador.»
L'équipe