Qui peut gagner l'Euro 2012 en Pologne-Ukraine ?
Pour la troisième fois en quatorze éditions depuis sa création, l'organisation du Championnat d'Europe de Football a été confiée à deux pays, la Pologne et l'Ukraine. Cette compétition européenne, placée sous l'égide de l'UEFA, rassemblera, du 8 Juin 2012 au 1er Juillet 2012 inclus, 16 pays, parfois arrivés jusqu'ici dans la douleur pour certains d'entre eux. Elle aura pour particularités cette année de réunir tous les anciens vainqueurs de cette épreuve et se verra dotée, pour la première fois de l'histoire, d'un arbitrage collégial à cinq.
Qualifiée d'office avec leurs statuts de pays organisateurs, la tâche ne s'annonce pas facile pour la Pologne et son cruel manque d'expérience à ce niveau. Elle semble ardue mais moins insurmontable toutefois pour des Ukrainiens désireux de bien faire sur leurs terres avec un Andriy Shevshenko à 35 ans toujours aussi habile. Ils devront néanmoins composer avec des Français et des Anglais aux crampons plus qu'acérés.
Cet Euro s'annonce à priori plutôt indécis même si, pour la victoire, trois chances indéniables se détachent des seize concurrents, avec l'Espagne, l'Allemagne et les Pays-Bas. Trois formations aguerries aux plus hautes compétitions, dotées d'une solidité défensive et d'un attirail offensif impressionnant, conditions sine qua non à un tournoi exemplaire.
Pour tenter de les contrer et d'aller le plus loin possible, il conviendra de se méfier des équipes telles que le Portugal, avec un Cristiano Ronaldo meilleur que jamais mais placé au sein du groupe de la « mort », d'une Italie recomposée, en devenir mais toujours à suivre, et aussi, quoique l'on puisse en penser, de la France, dont les individualités peinent à confirmer mais dont on ne peut forcément faire fi si elles venaient à exploser au grand jour.
Côté outsiders, dont parfois cette compétition est friande (Danemark, Grèce...), on pourra s'intéresser aux rudes Russes, toujours présents, dans un groupe très ouvert et qui pourraient se renforcer au fil des rencontres ; à la Croatie, souvent exemplaire techniquement et rompue à ces joutes et même à la République Tchèque, qui ne fait pas de bruits mais qui reste susceptible d'en étonner plus d'un. La liste n'étant pas exhaustive, loin s'en faut...
Le programme de l'Allemagne (matches du Groupe B)
1er match : Allemagne - Portugal
, samedi 9 juin à 20h45
2ème match : Pays-Bas - Allemagne
, mercredi 13 juin à 20h45
3ème match : Danemark - Allemagne
, dimanche 17 juin à 20h45
Que dire de la Mannschaft qui ne soit pas redondant depuis plusieurs mois ? Confiée à un Joachim Löw qui n'a plus à faire ses preuves à ce poste et qui n'a d'yeux que pour ses joueurs, la formation du sélectionneur allemand demeure, pour de nombreux observateurs et à n'en pas douter, l'une des plus fortes équipes pour beaucoup de monde et même l'une des plus fortes de ces dix dernières années selon nous. Pouvant se targuer d'être la formation en Europe la plus titrée, elle détient des talents d'une qualité intrinsèque hors norme et pourtant pas encore usés par le temps. Jugez-en par vous-mêmes.
La défense possède un solide point d'appui avec un Manuel Neuer dans les cages qui a fait ses preuves (7 buts encaissés seulement lors des 10 victoires en 10 sorties en phase de qualification). Lui-même épaulé par une charnière défensive composée d'éléments connus et reconnus à l'instar des Mertesacker, Boateng et autre Badstuber, il leur faudra toutefois faire preuve de rigueur à chaque instant. Au milieu du terrain, Schweinsteiger, Özil ou Kroos sauront distiller les ballons nécessaires aux principaux et très réalistes attaquants que sont Podolski ou Klose. Autant de noms mis bout à bout qui feraient tourner la tête de plus d'un sélectionneur et qui rend envieux la totalité d'entre eux.
D'un schéma de jeu classique en 4/4/2 où tout le monde doit savoir plus ou moins attaquer et défendre et où les lignes ne doivent pas être trop espacées, l'équipe a su régulièrement s'adapter à un 4/4/1/1 avec un Özil en soutien de Klose par exemple et des ailiers de talent que sont les Podolski ou Muller. Dès lors, il faudra savoir contrer cette organisation exemplaire qui ne laisse paraître que très peu de failles dans son organisation.
Doté d'un mental et surtout d'une force collective à toutes épreuves, on aime à jouer le « tout le monde attaque et tout le monde défend » chez les Allemands, de générations en générations. Ce qui laissât d'ailleurs cette maxime bien connue désormais dans la tête des amateurs de ballon rond : « Le football est un sport inventé par les anglais mais où les allemands gagnent toujours à la fin ! » (Gary Lineker).
Et il faudra du réalisme et du courage pour affronter le groupe annoncé logiquement comme le plus difficile de la compétition (Danemark, Pays-Bas et Portugal). Mais l'équipe demeure sur la bonne dynamique de victoires dans les poules de qualifications. Trois fois vainqueur de la compétition et rompue à la pression médiatique et du pays (soutien inconditionnel au sélectionneur), la Mannschaft peut se reposer sur des cadres exemplaires avec suffisamment d'expérience acquise à ce niveau de la compétition. Efficaces et solidaires, ils seront logiquement à redouter en priorité et sont à même cette année de fournir le lauréat de cette compétition relevée.
Le programme de l'équipe de France (matches du Groupe D)
1er match : France - Angleterre
, lundi 11 juin à 18h00
2ème match : Ukraine - France
, vendredi 15 juin à 18h00
3ème match : Suède - France
, mardi 19 juin à 20h45
Ah les bleus ! On peut s’attendre à tout avec nos compatriotes, surtout au meilleur. Laurent Blanc n’a eu que l’embarras du choix pour composer son équipe tant certains cadres ont évolué vers les sommets cette saison et tant certaines doublures ne portent vraiment plus très bien leurs noms. Résumer la dernière année au match amical remporté face à l’Allemagne serait réducteur mais il fût certainement l’un des plus accomplis techniquement et tactiquement depuis longtemps même si les adversaires n’étaient pas au complet il faut bien l’avouer. Ce soir-là, Debuchy en remplaçant de luxe était exemplaire et double passeur décisif, la charnière centrale a certes montré encore qu’elle devait travailler mais Nasri et Giroud laissaient entrevoir certaines de leurs nombreuses possibilités et surtout qu’ils avaient indéniablement la pointure internationale. Avec un Ribéry de plus diminué ce soir-là et sans un Karim Benzema désormais au sommet de son art, cette rencontre va servir de point d’appui nécessaire au sélectionneur afin de créer un noyau dur sur lequel les Bleus pourront se reposer durablement et efficacement. Repartir du bon pied dans un groupe à leur portée sera à la mesure de leurs ambitions. Ensuite et comme très souvent dans ce genre de compétition, tout sera ouvert et possible...
Il faut bien avouer qu’on a tout tenté du côté de nos très chères têtes pensantes. Passant allègrement d’un 4/4/2 peu apprécié mais en forme de losange, à un 4/3/3 compact plus incisif, Laurent Blanc a souvent retenu au final un 4/2/3/1 avec une seule pointe. Le choix demeure vaste et les possibilités nombreuses même si on est en droit d’attendre que la dernière solution soit d’actualités la plupart du temps offrant certaines garanties à ce niveau et permettant aux individualités de s’exprimer clairement en laissant de l’espace aux mouvements du collectif.
Le bloc défensif et la charnière devant Lloris est l’une des plus grande crainte des supporters. Cependant le choix est large même si le temps est court et si le duo Mexes/Rami a les faveurs du sélectionneur. Mis devant leurs responsabilités, ils pourraient s’ajuster et se révéler enfin totalement. Laurent Blanc comptera également sur un milieu incisif et une attaque de choc avec des joueurs de qualité, connus et qui ont été reconnus une fois de plus dans leurs clubs respectifs cette saison (Ribery, Benzema, Nasri, Ben Arfa, revanchard et non sélectionné depuis deux ans... la liste est plutôt longue). Il suffirait que cet éclectisme et cette diversité puissent se retrouver enfin au service de l’équipe afin que les véritables possibilités de cette formation éclatent au grand jour. Retrouvés face au géant allemand, les Bleus pourraient s’en servir comme un déclic susceptible de se confirmer lors de cette compétition charnière, comme un tremplin nécessaire à une reconstruction en bonne et due forme entamée depuis plusieurs mois maintenant.
Le programme de la Croatie (matches du Groupe C)
1er match : Rép.Irlande - Croatie
, dimanche 10 juin à 20h45
2ème match : Italie - Croatie
, jeudi 14 juin à 18h00
3ème match : Croatie - Espagne
, lundi 18 juin à 20h45
Certes placés dans un groupe qui n’aura rien d’une partie de plaisir avec l’Espagne, tenante du titre et l’Italie, toujours redoutable, les hommes du charismatique Slaven Bilic peuvent néanmoins nourrir des ambitions, avançant à pas de velours, cachés derrière les principaux favoris. Nantis de deux apparitions en quart de finale de cette compétition en 1996 et 2008 (notamment en disposant de l’Allemagne en poule …), les joueurs savent gérer de façon drastique la pression des grands rendez-vous, un plus non négligeable. Malgré les récentes blessures de Kranjcar et Lovren (celui-ci ayant du au final déclarer forfait), le sélectionneur croate a raison d’être optimiste sur le bon déroulement de la convalescence du milieu de terrain de Tottenham, parfaitement rétabli, mais également en la capacité de son équipe à se surpasser dans cet Euro. La Croatie pourra en effet compter sur ses attaquants vedettes, le brésilien naturalisé Eduardo da Silva (22 buts en 45 sélections), ou le jeune mais non moins redoutable Nikola Kalinic. Derrière ce duo, les animateurs du jeu que sont le Sévillan Rakitic ou le milieu de terrain du Chahktar Donetsk, Darijo Snar, peuvent à eux seuls faire basculer une rencontre tendue. Derrière, le solide gardien de but Pletikosa (du club russe de Rostov) comptera également sur l’expérience d’une défense combattante avec, à prévoir, des Simunic (Zabreg), Corluka (Leverkusen) et Pranjic (Bayern Munich) qui ont pour réputation de ne rien lâcher lors de leurs apparitions au plus niveau.
Il faudra analyser avec attention les matches de préparation contre l’Estonie et la Norvège mais il est certain que l’option du 4/4/2 devrait être de sortie lors de cette compétition. Cette tactique permettant clairement de porter l’équipe vers l’avant et en utilisant les deux latéraux, elle parait s’offrir d’elle-même à cette formation. Et même beaucoup plus encore surement, le sélectionneur croate n’ayant pas caché son intention de ne pas attendre, par exemple, les Espagnols dans son camp, tactique vouée à l’échec selon lui. On sera donc être en mesure d’observer une équipe de Croatie ultra-offensive lors de ses trois rencontres de poule et notamment lors du premier match capital face à l’Irlande, point de départ essentiel à la bonne poursuite naturelle de cet Euro.
Pouvant s’appuyer sur une attaque de choix, Bilic sait que la possession de la balle sera importante afin de lancer dans les meilleures conditions possibles une armada offensive qui a le mérite de faire pâlir plus d’un pays dans cette compétition. L’équipe de Croatie a la réputation justifiée également d’avoir un esprit conquérant avec des visages de combattants une fois la pelouse foulée et tout au long des quatre-vingt-dix minutes d’un match officiel. Certes, cela ne suffit pas toujours à réussir au plus haut niveau, mais cette « gnac » reconnue peut poser de gros problèmes à des formations qui seraient parfois un peu trop suffisantes. De plus, les joueurs compteront énormément sur un sélectionneur avisé, tacticien hors pair et très fin stratège, avantage qui peut s’avérer décisif lors de rencontres à très fort enjeu. Si la Croatie parvient à trouver l’amalgame entre les jeunes aux dents longues frappant à la porte de la maison de joueurs quasiment trentenaires mais détenteurs d’une importante expérience, nul doute qu’elle a les moyens de viser très loin dans une épreuve finalement plus ouverte qu’on ne pourrait le croire aux primes abords...
Dernière mise à jour le 18 mai 2012