20 ans après le sacre de l'été 1998 au stade de France, revoilà les Bleus à la pointe du combat et avant de se rendre en Russie, notre Hexagone ne pouvait difficilement rêver meilleur sort le premier décembre dernier quand les adversaires tombaient dans le groupe C. La chance n'avait bel et bien pas quitté Didier Deschamps, avec le Pérou, l'équipe la plus abordable du chapeau deux, l'Australie où le football est reconnu comme une distraction et enfin le Danemark, solide mais archi connu désormais.
Avec un match disputé tous les 5 jours, et tous les 3 programmés l'après-midi, le groupe C ressemblent pour les Français à une locomotive qui monterait en puissance au fur et à mesure qu'on lui injecterait l'énergie nécessaire à atteindre sa vitesse maximale. Mais il faut aussi assez d'humilité pour attaquer une coupe du Monde, rappelons-nous de 2002 où les Bleus échouait dans un groupe dont les Danois faisaient déjà partie ou de 2010, où la France s'écroulait au sein d'un « Vade Retro Krysna » dont tout le monde frissonne encore. Voilà donc le 7e du classement FIFA prévenu mais sa génération exceptionnelle ne peut laisser personne indifférent.
Fort d'un Euro 2016 réussi même si elle échouait en finale face au Portugal, la France reste suffisamment bien composée pour figurer parmi les favoris. Avec de puissants et incontestables titulaires, Varane, Umtiti, Lemar, Pogba, Mbappé ou Griezmann, pour ne citer qu'eux, les individualités ne manquent plus.
Mais le groupe évolue finalement peu dans son fonctionnement et le sélectionneur n'a pas pour habitude de surprendre. Les Bleus deviennent cependant rodés à ces joutes mondiales, ils vont en effet participer à la quinzième coupe du Monde de leur histoire, la sixième de suite en Russie, leur meilleure série en cours. S'ils se doivent de sortir leaders du groupe, il faudra rapidement élever le niveau en commençant à faire peur car la Croatie, l'Uruguay et le Brésil pourraient être au programme avant une éventuelle finale. Des promesses - Des attentes.
« La Blanquirroja » (blanche et rouge) a subi un premier coup dur avant même de toucher le sol russe. Les Incas ont en effet appris à la mi-mai la suspension pour dopage du capitaine et meilleur buteur de l’histoire du Pérou, Paulo Guerrero (34 ans – Flamengo – 32 buts en 86 sélections). Mais, ultime rebondissement en juin, et après que cette sanction ait été provisoirement levée par le tribunal fédéral suisse (contrôle positif à un métabolite de la cocaïne), le « prédateur » a été finalement autorisé à disputer le plus grand tournoi de la planète et c’est tout un pays qui s’est remis d’un coup d’un seul à y croire.
L’emblème péruvien ne s’est pas gêné pour marquer son retour en sélection d’un doublé retentissant lors d’une large victoire amicale face à l’Arabie Saoudite, c’est dire si l’attaquant andin reste le meilleur élément et leader d’une sélection qui s’accroche également sur l’éternel Farfan (33 ans – 17 des 23 buts de sa sélection lors des récents matches à enjeu) pour réussir après trente-six ans d’absence en phase finale. Longueur.
Les plans du sexagénaire Ricardo Gareca, installé sur le banc depuis trois ans désormais, sont nombreux et les solutions ainsi pléthoriques mais avec le retour de sa star, le 4/4/2 reste un dispositif tactique logique où Farfan (Lokomotiv Moscou) et Ruidaz (Mexique) seraient en soutien de Guerrero et Flores (Aalborg, Danemark). La sélection reste dès lors en grand progrès avec un nul enregistré face à l’Argentine ou la Colombie lors des éliminatoires de la zone sud-américaine ou encore une victoire face à l’Uruguay. Etonnant.
Cependant, si le Pérou est méconnu en Europe, il aura aussi contre lui un manque cruel d’expérience à ce stade de la compétition ne jouant indéniable pas en sa faveur. Cela ne devrait toutefois pas l’empêcher de vendre chèrement sa peau, jusqu’au bout s’il le faut. Solidaire.
Attention à l'explosion de dynamite avec une sélection scandinave en plein boom. En effet, les «Danish Dynamite» (dynamites danoises) qui avaient raté l'envol brésilien feront cette fois partie du voyage, bien décidés à ne pas faire que de la figuration en Russie. Pour ce faire, ils vont s'appuyer à coup sûr sur une campagne de qualification qui peut leur permettre de progresser encore. Parfois, les barrages ont en effet des allures de quitte ou double desquels on ne peut rien tirer, mais ils peuvent se révéler être un beau tremplin pour la compétition à venir.
Cette formation danoise, sans complexes, a ainsi le talent et le coffre pour faire oublier une récente décennie décevante où, entre Euro et Mondial, le Danemark manquait 4 qualifications sur 6 tout de même depuis 2006, ne dépassant jamais le premier tour quand il atteignait la phase finale .
Cette fois, les Vikings ont les armes pour mieux faire, et beaucoup mieux même car le groupe formé par Age Hareide (64 ans) a démontré sa compétitivité ces derniers mois au cours desquels ils cumulèrent 11 matches sans aucune défaite avant 2 courts revers début 2018 face à la Suède notamment. Surtout, les barrages face à l'Irlande ont porté les Danois vers l'avant, la large victoire à Dublin étant encore dans tous les esprits. Avec un Eriksen au sommet de son art et des partenaires vifs et rapides en contre, la dynamique est de retour. Boom-Boom !
Sydney, les Kangourous, le désert ou les surfeurs, tels sont les clichés qui reviennent souvent quand on pense à l'Australie mais jamais ô grand jamais, un esprit sensé ne pensera à un ballon rond cousu d'hexagones de cuir. Et c'est un peu normal. «Les Socceroos» (la contraction de soccer et de kangaroo .) ont trouvé un nouveau coach depuis janvier dernier seulement (Bert Van Marwijk - 60 ans) après avoir reçu la démission d'un Ange Postecoglou épuisé, en poste depuis 14 ans, et qui avait qualifié les Australiens après une victoire arrachée en barrages face au Honduras au terme de 22 matches et de 30 mois de campagne éliminatoire. Usant.
Après ce marathon de 11 pays visités et 51 but marqués, les Australiens savourent leur arrivée sur leur quatrième phase finale de coupe du Monde de rang. Ils se rassurent comme ils peuvent notamment en s'articulant sur une colonne vertébrale expérimentée où le capitaine Mile Jedinak (33 ans - Aston Villa) évolue derrière le vétéran Tim Cahill (38 ans - Millwall) en attendant que la jeunesse perce.
Mais c'est surtout une équipe à reconstruire qu'a découvert le sélectionneur hollandais. Elle manque aussi cruellement d'efficacité et son coach vocifère à l'envie à qui veut bien l'écouter que la nation prépare plus le futur que ce rendez-vous estival russe. En plein blues.